Je prépare mon potager – Partie 2 : les différentes techniques de semis, en intérieur ou en extérieur

Les semis en intérieur

Dans une pièce chaude et bien éclairée, les semis, sont réalisés dans des godets, ou des terrines. Ils pourront être légèrement dessaisonnés, avec comme double avantage de pouvoir commencer les semis tôt dans l’année malgré un climat régional non adapté. Cela permettra aussi d’échelonner la croissance des plants pour récolter ses légumes sur une longue période.

Ainsi, les aubergines, les poivrons, les piments, ou les tomates, des plantes sensibles au froid et dont la germination prend du temps, profiteront d’un démarrage facilité en intérieur.

Choisir le contenant

La technique de semis en godet s’utlise principalement dans le cas des grosses graines et des plantes à enracinement pivotant et profond (capucines, tournesols, pois, courgettes, melons, et autres cucurbitacées).

Cette méthode est aussi préconisée pour les espèces à croissance rapide, qui sont sensibles au repiquage (pois de senteur) ou pour les plantes dont on souhaite seulement avoir quelques plants (tomates, aubergines, poivrons, piments, vivaces…).

Le semis en mottes est une alternative aux godets. A l’aide d’un presse-motte, le format reste le même, mais permet de s’affranchir des contenants, facilitant encore le nombre de manipulation et le stress pour la plante lors de sa plantation dehors après le démarrage en intérieur.

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Quant aux légumes précoces comme les choux, les poireaux, les oignons, ou les laitues, le semis en terrine, un bac rectangulaire large et peu haut, est bien adapté. De nombreuses aromatiques peuvent également être semées de cette façon (persil, ciboulette, basilic…), ainsi que de nombreuses fleurs (pensées, bidens, cléome, géranium, lobélia, sauge, verveine, gaura, œillet). Lorsque les plantules sont suffisamment développées (stade 4-5 feuilles), il est fortement conseillé de les repiquer en godet individuel pour éviter des risques de maladie et pour leur permettre de se développer avant d’être implantées dehors.

Après avoir rempli les godets ou les terrines de terreau, le substrat est tassé à la main de sorte à laisser de l’espace pour semer les graines. Les semences sont réparties régulièrement sur la surface, par 2 ou 5 selon leur taille, puis recouvertes de quelques millimètres de terreau. Il faut ensuite arroser délicatement mais suffisamment pour bien humidifier le semis sans pour autant détremper la terre.

Semer, rien de plus simple

Une fois égouttés, les contenants sont placés à la lumière, près d’une source de chaleur. Jusqu’à la levée, les semis peuvent idéalement être couverts par un couvercle vitré ou un plastique transparent pour emmagasiner plus facilement de la chaleur et maintenir une certaine humidité.

Lorsque les gelées sont passées, et que les conditions d’humidité et de température sont favorables, les plantules pourront être installées en terre, généralement environ un mois après le semis. Mais avant toute plantation, une phase d’endurcissement sera nécessaire. La transition entre un milieu chaud protégé des intempéries et un environnement avec de fortes variations de températures serait difficilement supportable pour la plante. Une baisse progressive de la température, et sortir les pots dans la journée et les rentrer le soir permet d’habituer la plante à son nouvel environnement. 

Sous abri : châssis ou tunnel

Malgré les avantages offerts par une pièce chaude pour débuter les semis, tout le monde ne possède pas ce genre d’installation. Une alternative consiste à mettre en place un châssis ou une serre, qui vont donner la possibilité de semer tôt dans la saison un grand nombre d’espèces (betterave, carotte, céleri, chou, laitue, navet, radis, tomate…), à condition de bien les protéger du froid et de choisir des variétés adaptées aux cultures précoces.

Le châssis est le système le plus classique. Il est constitué d’un coffre (en bois, en métal, en brique) recouvert d’une plaque transparente (en verre ou plastique) qui se soulève facilement (pour l’aération, profiter des journées de beaux temps, et permettre les arrosages). Il peut être utilisé également pour la transplantation des plantes élevées en bacs ou en godets. C’est un moyen de les endurcir progressivement aux conditions extérieures.

Le tunnel plastique sert également à protéger du froid les semis et les plantules. Il est moins efficace que le châssis mais plus facile à utiliser, car il peut être installé sur des semis en place.

De la même manière qu’en extérieur, les semis sous abri sont réalisés dans des sillons, puis recouverts de terreau et arrosés. Le repiquage en pleine terre s’effectue lorsque les plants sont bien développés, après avoir été habitués progressivement aux conditions extérieures par l’ouverture, en journée, du châssis ou du tunnel.

Les semis en extérieur

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Les semis en extérieur nécessitent d’attendre la fin des risques de gelées et d’avoir un sol bien ressuyé. Et, à moins d’habiter dans le Sud-Ouest et le Midi, les premiers rayons de soleil au début du printemps ne sont pas suffisants pour réchauffer convenablement la terre (surtout si elle est argileuse). Les semis vont donc majoritairement débuter vers fin Mars – courant Avril, selon la zone et le climat.

Pour que les graines germent sans problème, il convient de les semer dans un sol bien drainé et affiné en surface. A l’aide d’une bêche ou d’une fourche bêche, le sol est ameubli en profondeur, afin de casser les grosses mottes et de retirer les cailloux et les racines de mauvaises herbes. La terre doit ensuite être ratissée en surface, pour obtenir un lit de semences fin et aéré.

En extérieur, les graines sont généralement semées « en place », c’est-à-dire à l’endroit où la plante fera la totalité de son cycle de développement. Ce mode de semis est adapté à toutes les cultures de saison, et est obligatoire pour la plupart des espèces à racine pivotante (carottes, salsifis…) et pour les légumineuses (pois, haricots, fève…). Bien qu’il nécessite de la place et un entretien régulier pour sarcler et éclaircir, le semis en place est surtout un gain de temps notable, puisqu’il n’y pas d’étape de repiquage, et il limite les conditions stressantes liées à la transplantation pour la jeune plante.

Les semis peuvent être effectués de 3 façons :

  • en ligne : méthode simple qui permet un écartement optimal des plants dès la mise en place des graines, ce qui facilite l’entretien. Les sillons sont tracés à l’aide d’un manche d’outil, par exemple, et accueillent les graines, semées à distance régulière et à la profondeur adaptée à la plante. Une fois les sillons refermés, les semences sont recouvertes avec de la terre ou du terreau, mélangé à du sable pour les graines plus délicates (carottes, panais…). Pour finir, la terre est légèrement tassée avec le dos d’un râteau.
  • à la volée : plutôt conseillé pour les parterres de fleurs annuelles et bisannuelles, il consiste à répandre les graines en surface aussi uniformément que possible. Les semences sont ensuite recouvertes de terre ou par une couche de terreau, puis la surface est aplani avec le plat du râteau. S’il est utilisé pour les semences potagères, le semis à la volée ne doit idéalement pas être réalisé trop dense, car il engendre beaucoup d’entretien, avec des travaux de repiquage ou d’éclaircissage importants.
  • en poquet : consiste à déposer 3 à 4 graines au fond de trous espacés, creusés le long d’une ligne. Comme pour les autres semis, les graines sont recouvertes de terre du jardin ou d’un mélange terreau-sable, puis la surface est tassée avec la paume de la main. Ce semis est particulièrement indiqué pour faciliter la levée des plantules en terrain difficile. Les graines déposées dans chaque  poquet soulèveront plus aisément l’éventuelle croûte de battance formée à la surface des sols argileux. Le semis en poquet renforce également la résistance au vent, les plantes se soutenant mutuellement. Enfin, la levée est plus régulière, sans trous, avec une bonne circulation de l’air entre les plantes. Ce mode de semis est adéquat pour les grosses graines (haricots, petits pois, fèves…) mais aussi pour les concombres, les cornichons, les courgettes, courges et les melons, cardon, maïs, pois de senteur, tétragone, tournesol. Après la levée, on conserve les plants les plus vigoureux.  

Après le semis, quelle que soit la technique la technique utilisée, une fois que la surface est tassée pour mettre en contact la graine avec la terre, il faut arroser en pluie fine avec la paume de l’arrosoir. Le semis doit rester humide jusqu’à la levée.

Si les conditions deviennent défavorables (rayons du soleil, des vents desséchants ou de trop fortes pluies au cours de la levée), protégez les semis en les couvrant. 

La profondeur de semis

Selon la taille des graines et le type de substrat, la profondeur de semis est à ajuster. De manière générale, plus une semence est petite, plus elle doit être placée en surface. De plus, dans une terre sableuse, et donc légère, il est conseillé de semer une profondeur égale à trois fois l’épaisseur de la graine. En revanche, dans un sol argileux, plus lourd, la graine doit être moins enfoncée dans la terre. Dans tous les cas, il vaut mieux ne pas semer trop profond, pour faciliter la levée des plantules.

Indications sur les profondeurs de semis à ne pas dépasser pour les principales espèces :

  • de 0,5 à 1 cm : aubergine, carotte, céleri, cerfeuil, chicorée, laitue, mâche, navet, persil, poireau, poirée, radis rond, tomate
  • à 2 cm : betterave, chou, concombre, cornichon, courgette, épinard, melon, oignon, potiron, radis long, salsifis
  • à 3 cm : petit pois, haricot, fève

 Exposition

Les plantes n’ont pas toutes les mêmes besoins en terme d’ensoleillement, mais dans tous les cas, elles ne se plairont pas dans un lieu toujours à l’ombre, que ce soit celle d’un bâtiment…ou d’arbres qui, de plus, vont être source de concurrence alimentaire.

Idéalement, une exposition à l’Ouest ou au Sud est optimale, mais certains aménagements de jardin ne permettent pas forcément de placer le potager dans ces conditions. S’il est exposé au Nord, il faut éviter de planter trop tôt en saison, et attendre que le sol soit réchauffé.  En effet, pour sortir de leur dormance, les graines nécessitent de la chaleur. C’est pourquoi, afin d’obtenir une levée régulière et homogène, la température du sol ne doit pas descendre en-dessous en dessous d’un minimum, variable selon les espèces.

Température minimales du sol à respecter au moment du semis pour les principales espèces :

  • 8 à 10°C : épinard, oignon, radis
  • 10 à 12°C : carotte, chicorée, chou, laitue, petit pois
  • 15 à 18°C : céleri, cornichon, haricot, melon, tomate
  • 18 à 20°C : aubergine

A la mi-ombre, il est cependant possible de cultiver salades, choux, épinards, radis, betteraves, carottes, pois, ou haricots.

Bon à savoir : de nombreuses informations sont présentes sur les sachets de graines, telles que les dates de semis, de récolte, les conditions favorables, et l’espacement optimal entre chaque plant.

Dans la dernière partie de cet article, nous aborderons l’éclaircissage, la stratification, et les semis d’hiver.

Sources : Xavier Mathias (Les Cahiers du Potager Bio), GNIS, Le Monde, Jade Boudéhent