Les graines de courges. Nous revenons sur ce sujet car vous êtes nombreux à nous envoyer des photos de courges étonnantes de par leur forme ou leur couleur en nous demandant de quelle variété ces étranges fruits peuvent bien être issus…
Rappelons-nous :
• les plantes de type allogame (comme les courges) possèdent des fleurs mâles distinctes des fleurs femelles et ne peuvent être généralement fécondées que par une autre fleur de la même espèce.
• les plantes autogames possèdent, elles, des fleurs contenant à la fois l’organe mâle et femelle, on dit qu’elles s'”autofécondent”, le croisement sera donc ici très limité.
Ainsi, lorsque l’on récolte les graines d’une espèce autogame, il est à peu près certain que les plantes “filles” seront semblables à la plante d’origine (à la condition de respecter les distances d’isolement comme nous le verrons par la suite); ce qui n’est pas le cas, vous l’aurez compris, pour les plantes allogames si les précautions qui s’imposent ne sont pas prises.
De ce fait, les graines de courges sont très difficiles à produire. Il faut espacer, isoler, chaque variété de la même espèce de 3,5 km minimum afin d’éviter toute hybridation naturelle par les bourdons notamment. Pour être plus clair, prenons un exemple concret : si vous récoltez les graines de votre patisson par exemple et que votre voisin, situé pourtant à 1 km, cultive une courgette verte des maraîchers, les fruits récoltés contiendront des graines potentiellement hybridées donnant à coup sûr naissance à un nouveau spécimen fruit de l’hybridation des deux parents. Il y a parfois de bonnes surprises mais aussi de moins bonnes, l’hybride aura malheureusement pu perdre les qualités intrinsèques propres à chacune des 2 variétés mères.
Exemple de courge hybride entre un potiron tristar et un potiron giraumon turban. Ce nouveau légume a malheureusement perdu les qualités intrinsèques propres à chacune des 2 variétés : sa chair est plus fade et de conservation bien moindre que celle du tristar.
Dans votre jardin, repérez les plantes autogames : tomates, pommes de terre, aubergines, piments, poivrons, haricots nain et à rame, fèves, mâches, ou encore laitues.
Pour éviter toute fécondation accidentelle entre deux variétés autogames, il suffit de réserver un espace entre deux variétés de la même famille ou bien de les séparer avec une autre espèce. Des plants hors types peuvent toutefois exceptionnellement apparaitre, ils sont en général aisément repérables (forme et couleur différentes) et du coup faciles à éliminer.
Et les plantes allogames : betteraves, épinards, poirées, panais, carottes, chicorées, fenouil, choux, radis, cucurbitacées, oignons, poireaux ou encore navets … (liste non exhaustive). Sachant que les abeilles visitent beaucoup les fleurs des cucurbitacées notamment et qu’elles parcourent au moins 2 kms autour de leur ruche… les risques de croisement à moins de 2 km sur ces différentes espèces ne sont pas négligeables… Pensez, donc, aux cultures présentes dans les jardins de votre voisinage !
(Pour en savoir plus sur les cucurbitacées et leurs spécificités, retrouvez ici notre article du mois de juillet.)
